Arômes de fruits et jets de vapeur envahissent actuellement le quartier proche du stade de rugby à Lamastre.

Au bord de la Sumène, installé dans une vieille cabane, l’alambic de Dominique et Patrick Chamblas a repris du service et entamé depuis le 3 novembre une nouvelle saison de distillation jusqu’au 29 novembre, les lundis, mercredi et samedis.

Depuis 1982, les deux frères perpétuent une tradition qui date de près de cent ans à Lamastre.

Bouilleur de cru
Un bouilleur de cru est une personne habilitée à produire ses propres eaux de vie. Il est un récoltant qui peut faire distiller sa récolte de fruits. Il ne doit pas être confondu avec le distillateur ou bouilleur qui procède à la fabrication de l’alcool avec un alambic.
Les deux tendent à disparaitre du paysage rural en raison de la règlementation.
Le privilège de bouilleur de cru remonte à Napoléon lorsqu’il accorda une exonération de taxes pour la distillation de 10 litres d’alcool pur ou pour 20 litres d’alcool à 50° pour ses grognards.
Il sera héréditaire jusqu’en 1960, où, pour tenter de limiter l’alcoolisme dans les campagnes et sous la pression des importateurs d’alcool fort et des producteurs français, le législateur en interdit la transmission entre générations: seul le conjoint survivant pouvant en user jusqu’à sa propre mort.
Le sujet donna lieu à des débats houleux car on comptait alors environ trois millions de bouilleurs de cru et l’exemption représentait un manque à gagner d’environ 20 milliards de francs.
Réglementation

En France, toute personne propriétaire d’une parcelle ayant la dénomination de verger ou de vigne sur le registre du cadastre peut distiller les produits issus de cette parcelle. La distillation est effectuée dans un atelier public ou privé après avoir effectué une déclaration au service des Douanes et droits indirects.
Les personnes ayant le « privilège de bouilleur de cru » bénéficient d’une exonération de taxe sur les mille premiers degrés d’alcool produits (1 000° d’alcool ‘équivalent à vingt litres d’alcool à 50°). Les degrés supplémentaires sont taxés.
Ceux qui ne possèdent pas ce titre payent dès le premier degré d’alcool.
Le propriétaire d’une parcelle peut donner procuration à quelqu’un qui distillera en son nom.
En 2021, on estimait qu’il restait 600 à 700 bouilleurs de cru en activité, un nombre diminué de moitié en dix ans.
A l’automne, dans plusieurs villages ardéchois, le bouilleur de cru ambulant ouvre, dès potron-minet, son installation aux producteurs autorisés en annonçant chaque année que c’est peut être pour la dernière fois…!
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Gérard Vallon – photos François Fayolle 2015
bien la note sur le bouilleur de cru, merci et bon Dimanche